Le CAC 40 franchit le cap historique des 8000 points : les raisons de l'euphorie boursière

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par Antoine Tillet
Icône de calendrier Mis à jour le 07/03/2024

Pour la première fois de son histoire, l'indice phare de la Bourse de Paris a dépassé le seuil symbolique des 8000 points ce jeudi. Retour sur les facteurs qui expliquent cette performance remarquable dans un contexte économique pourtant incertain.

 

Un nouveau sommet historique dans un marché en ébullition

 

C'est un cap hautement symbolique que vient de franchir le CAC 40. L'indice vedette de la place parisienne a en effet clôturé au-dessus des 8000 points pour la première fois de son histoire ce jeudi 7 mars 2024. Un niveau record qui témoigne de l'euphorie qui règne actuellement sur les marchés boursiers, en dépit d'un environnement économique et géopolitique toujours très incertain.Depuis le début de l'année, le CAC 40 affiche une progression spectaculaire de plus de 16%, surperformant nettement les autres grandes places boursières européennes comme Francfort ou Londres. Une dynamique positive qui s'inscrit dans le sillage d'une année 2023 déjà exceptionnelle, marquée par une hausse de près de 30% de l'indice parisien."Le franchissement des 8000 points est un signal fort envoyé par le marché", analyse Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet AM. "Cela montre que les investisseurs sont prêts à prendre des risques et à miser sur les actifs risqués malgré les incertitudes."

 

Les raisons qui poussent le CAC 40 vers les sommets

 

Comment expliquer une telle performance boursière dans un contexte pourtant peu porteur ? Plusieurs facteurs se conjuguent pour soutenir l'appétit des investisseurs pour les actions françaises :

  • Des résultats d'entreprises meilleurs que prévu : Depuis le début de l'année, les sociétés du CAC 40 ont publié des résultats supérieurs aux attentes des analystes dans leur grande majorité. Des performances solides qui témoignent de la résilience des grands groupes français face aux vents contraires (inflation, pénuries, ralentissement économique). "Les publications ont rassuré sur la capacité des entreprises à préserver leurs marges malgré la hausse des coûts", souligne Alexandre Baradez, responsable de l'analyse marchés chez IG France. "Cela a dopé la confiance des investisseurs."
  • L'espoir d'une pause dans le resserrement monétaire : Après une année 2023 marquée par des hausses de taux agressives des grandes banques centrales pour juguler l'inflation, les investisseurs espèrent désormais un ralentissement, voire une pause dans ce cycle de resserrement monétaire. Un changement de ton de la Fed et de la BCE qui serait favorable aux actifs risqués comme les actions. "Le marché anticipe que les banques centrales vont marquer une pause dans les prochains mois au vu du ralentissement de l'inflation et de la dégradation de la conjoncture", explique Frédéric Rollin. "Cela réduit la pression sur les taux longs et soutient mécaniquement les valorisations boursières."
  • Des indicateurs économiques rassurants : Si la croissance mondiale montre des signes d'essoufflement, elle reste pour l'instant résiliente, notamment en zone euro où le spectre de la récession semble s'éloigner. Dans le même temps, l'inflation donne des signes d'accalmie tandis que le marché de l'emploi reste solide des deux côtés de l'Atlantique. "Les derniers indicateurs montrent que l'économie résiste mieux que prévu, ce qui écarte le scénario du pire redouté par les investisseurs", note Alexandre Baradez.
  • L'appétit pour le risque face à des alternatives peu rémunératrices : Avec des taux d'intérêt réels (hors inflation) toujours négatifs, les investisseurs sont contraints de prendre des risques pour espérer dégager du rendement. Une situation qui profite mécaniquement aux actifs risqués comme les actions, et en particulier aux valeurs de croissance. "Face à l'absence d'alternatives sur le marché obligataire, il y a un report vers les actifs risqués et notamment les valeurs de croissance comme la tech ou le luxe", souligne Frédéric Rollin.

 

Les stars du CAC 40 qui tirent l'indice vers le haut

 

Si l'ensemble de la cote parisienne profite de cet engouement des investisseurs, certaines valeurs se distinguent particulièrement par leur performance depuis le début de l'année :

  • Le luxe toujours au firmament : Après une année 2023 déjà exceptionnelle, les géants français du luxe comme LVMH (+21% depuis janvier), Hermès (+25%) et Kering (+18%) continuent de tirer la tendance, portés par la réouverture de la Chine. Leur poids prépondérant dans l'indice (plus de 25% de la capitalisation totale) contribue fortement à la hausse du CAC 40.
  • Les poids lourds de la tech en forme : Dans le sillage du Nasdaq américain, les grandes valeurs technologiques françaises comme Dassault Systèmes (+22%) ou Capgemini (+19%) surfent sur le rebond du secteur après une année 2023 difficile. Elles profitent notamment des espoirs suscités par l'intelligence artificielle.
  • La bonne tenue des valeurs défensives : Dans un environnement incertain, les investisseurs privilégient aussi les secteurs défensifs, moins sensibles à la conjoncture économique. C'est le cas notamment de la santé avec Sanofi (+9%) ou de la consommation de base avec L'Oréal (+12%) et Carrefour (+15%).

 

Un contexte économique et géopolitique toujours incertain

 

Si l'euphorie règne actuellement sur la Bourse de Paris, les nuages n'ont pas pour autant totalement disparu à l'horizon. Plusieurs risques pourraient venir ternir le moral des investisseurs dans les prochains mois :

  • Les risques géopolitiques qui persistent : Un an après le déclenchement de la guerre en Ukraine, le conflit ne montre aucun signe d'apaisement et continue de peser sur l'économie européenne via la crise énergétique. Dans le même temps, les tensions sino-américaines restent vives, notamment autour de la question de Taïwan, faisant planer le risque d'une escalade.
  • La menace d'une récession qui plane toujours : Si le scénario du pire semble s'éloigner, le risque d'une récession n'a pas totalement disparu, notamment en Europe et aux Etats-Unis. Un ralentissement marqué de l'activité pourrait peser sur les résultats des entreprises et donc sur les cours de Bourse.
  • La remontée des taux d'intérêt qui pourrait freiner la croissance : Même si le rythme devrait ralentir, la normalisation des politiques monétaires des grandes banques centrales n'est pas terminée. Une poursuite de la hausse des taux pourrait pénaliser la croissance économique et par ricochet les profits des entreprises. "Le marché semble faire peu de cas de ces risques pour le moment, mais il ne faut pas les négliger", prévient Alexandre Baradez. "Une mauvaise nouvelle sur le front géopolitique ou une statistique décevante pourrait suffire à doucher l'enthousiasme ambiant."

 

Jusqu'où le CAC 40 peut-il aller ?

 

Malgré ces incertitudes, la plupart des analystes restent positifs sur les perspectives du marché parisien. Beaucoup voient encore du potentiel de hausse pour le CAC 40 dans les mois à venir, même si le rythme devrait être moins soutenu qu'en début d'année."Nous pensons que le CAC 40 peut encore progresser et viser les 8500 points d'ici la fin de l'année", anticipe Frédéric Rollin. "La dynamique des résultats reste bien orientée et les valorisations ne sont pas excessives, surtout en comparaison des autres grands marchés."Certains se montrent toutefois plus prudents et n'excluent pas des phases de consolidation, voire de correction en cas de mauvaises nouvelles. "Le marché est devenu plus nerveux et réactif, il faut s'attendre à une volatilité accrue dans les prochains mois", prévient Alexandre Baradez.Une chose est sûre : après un début d'année tonitruant, la Bourse de Paris devra faire face à de nombreux défis pour espérer poursuivre sur sa lancée. Les investisseurs devront plus que jamais garder la tête froide et faire preuve de sélectivité dans leurs choix d'investissement.

 

Le franchissement des 8000 points par le CAC 40 est incontestablement un événement marquant qui témoigne de la solidité de la place boursière parisienne. Portées par des résultats d'entreprises solides et un contexte de taux favorable, les actions françaises ont le vent en poupe en ce début d'année 2024.Pour autant, la prudence reste de mise dans un environnement économique et géopolitique toujours très incertain. Entre guerre en Ukraine, tensions sino-américaines, risque de récession et remontée des taux d'intérêt, les nuages n'ont pas totalement disparu à l'horizon.Dans ce contexte, les investisseurs devront redoubler de vigilance et faire preuve de discipline dans leur stratégie d'investissement. Si le CAC 40 peut encore progresser dans les mois à venir selon les analystes, des phases de volatilité sont à prévoir. La sélectivité et la diversification seront plus que jamais les maîtres-mots pour tirer son épingle du jeu sur les marchés boursiers en 2024.

Mascotte planête